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XXXIVe voyage d'études Luxeuil-les-Bains et Fougerolles

Voyage 2012

Cette journée du dimanche 24 juin 2012, qui accueillit 48 participants, nous conduisit à Luxeuil et à Fougerolles. La matinée fut consacrée à la cité thermale. Sous la direction de M. Jacques Prudhon, président de l’association Saint-Colomban, nous avons centré notre attention sur les fouilles de la place Saint-Martin, sur la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul, le cloître de l’abbaye Saint-Pierre et l’abbaye Saint-Colomban.

Un projet municipal de réaménagement de la place Saint-Martin nécessita un diagnostic archéologique préalable, effectué en 2005 et 2006. De nombreux sarcophages de grès et une église du haut Moyen Âge ont été mis à jour, justifiant l’organisation de deux campagnes de fouilles en 2008 et 2009 portant sur plus de 650 m2. Dirigées par Sébastien Bully, mettant en œuvre une équipe pluridisciplinaire, elles apportèrent une moisson considérable de renseignements qui renouvellent la connaissance du passé luxovien. « À une occupation artisanale au ier siècle a succédé au iie siècle une maison urbaine gallo-romaine (domus) avec traces d’une mosaïque. Une nécropole païenne a été installée au ive siècle dans les ruines de la domus. Une grande basilique  à trois nefs et chevet plat orienté à l’est lui a succédé au début du vie siècle à la suite d’un possible mausolée du ve siècle : elle révèle une christianisation antérieure à l’arrivée de Colomban ; des sépultures de différents types occupent toute la partie fouillée de l’édifice, certaines réutilisant des blocs gallo-romains. La crypte mérovingienne de saint Valbert, greffée contre le chevet de la basilique paléochrétienne, était une salle carrée probablement voûtée ; elle conserve, outre la banquette funéraire destinée à mettre en valeur la tombe sainte, la base d’un décor intérieur fait de pilastres et de niches aveugles. Au ixe siècle, les parties orientales de l’église sont reconstruites ; on dote alors l’annexe latérale nord d’une abside semi-circulaire ; de nouveaux travaux autour de l’an mil aménagent un transept et une croisée du transept. La fonction funéraire du lieu (plus de 125 sarcophages recensés) trouve ses origines dès l’Antiquité tardive pour la population du castrum de Luxovium avant d’être réservée aux religieux entre le viie et le xie siècle : leurs sarcophages (dont huit portent des noms gravés) semblent « aimantés » par la tombe de saint Valbert et témoignent de l’importance exceptionnelle du monastère de Luxeuil aux temps mérovingiens. Le site est classé monument historique depuis 2010 ». (Sébastien Bully et Philippe Kahn).

L’ancienne église abbatiale, basilique Saint-Pierre, troisième, peut-être quatrième église construite sur le site, a perdu sa façade lors de la construction du palais abbatial (xvie siècle, très remanié au xviiie siècle) ; commencée en 1215, consacrée en 1340, elle devint église paroissiale après la Révolution. Le chœur (1255) a été refait par Viollet-le-Duc, qui dessina l’autel. L’intérieur, d’un gothique sobre, est marqué par une influence bourguignonne. Au fond de la nef trône un remarquable buffet d’orgues (xviie siècle). Les 3 000 tuyaux sont portés par les atlantes d’une monumentale console décorée de beaux médaillons sculptés. La chaire vient de Notre-Dame de Paris, où elle fut utilisée jusqu’en 1868. Les stalles Renaissance du chœur, les statues et pierres tombales (xve au xviiie siècle) complètent ce riche mobilier. Jouxtant le bas-côté sud, le cloître (fin xiie siècle, remanié au xve siècle), sobre et massif, est aujourd’hui ouvert sur la place de l’abbaye.

Un peu plus loin, en contre-bas, l’actuelle abbaye Saint-Colomban ne constitue qu’une partie du monastère du xviiie siècle, divisé en plusieurs lots après la Révolution. Elle a accueilli dès 1812 un petit séminaire et depuis 1976 un collège privé ainsi qu’un centre pastoral. L’édifice recèle des trésors architecturaux : escalier des moines (1684), galerie sur cour (début xviiie siècle), salle des princes et salon Bossuet (vers 1723), aux beaux décors en stuc, chapelle Saint-Colomban (1854, de style néo-Renaissance) avec sa voûte semi-circulaire, son chevet polygonal, ses pilastres moulurés, ses imposants chapiteaux, ses minces colonnettes, ses statues et sa riche polychromie. Le palais abbatial s’ouvre à l’est sur de vastes jardins. Nous remercions très chaleureusement monsieur Prudhon pour cette visite passionnante de Luxeuil, remarquablement documentée et vivante.

Le déjeuner, pris au restaurant « Le père Rota » à Fougerolles combla les participants avec apéritif maison, amuse bouche, zéphyr de sandre au velouté de crustacés et pommes vapeur safranées, râble de lapin fourré aux petits légumes, pommes Anna et mousseline de carottes, baba au kirsch de Fougerolles et soupe de fraises, glace à la vanille, le tout arrosé de vins de Bordeaux.

L’après-midi fut occupée par la visite de l’écomusée de la cerise. Le grès du sous-sol, associé à des variétés locales de « guignes » et au savoir-faire des hommes depuis le xviiie siècle a fait de Fougerolles la capitale du kirsch qui vient d’être distingué par la reconnaissance d’une appellation d’origine contrôlée. Le musée est installé dans les bâtiments d’une ancienne distillerie, très belle maison de maître de 1829, qui fonctionna jusqu’en 1978 ; il présente la culture des cerisiers, l’histoire et la technique de la distillation du kirsch, mais aussi les activités annexes, vannerie, tonnellerie. La distillerie du début du xviiie siècle abrite une importante collection d’alambics artisanaux et industriels. À proximité immédiate, un verger conservatoire montre la variété des espèces locales de cerisiers. La journée s’est achevée par la visite de la distillerie artisanale Émile Coulin, en activité depuis cinq générations, suivie d’une dégustation de kirsch. Après cette journée très riche, aux centres d’intérêt variés, le retour vers Montbéliard se fit dans d’excellentes conditions. Nos remerciements très chaleureux vont à Denise Hugon qui organise avec toujours autant de compétence nos sorties, associant avec bonheur enrichissement culturel, convivialité et bonne chère, à la satisfaction de tous.

 

Légendes

Place Saint-Martin à Luxeuil avec M. Prudhon. Cliché A. Bouvard

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