Le Pays de Montbéliard → Une terre d’audace et d’innova

Une terre d’audace et d’innovations.

Scientifiques, ingénieurs et inventeurs.

Depuis fort longtemps , le Pays de Montbéliard fut le berceau de nombreux scientifiques ou inventeurs. Il faut sans doute voir là les effets d’une alphabétisation précoce et massive, d’un intérêt ancien pour les sciences et les techniques, au contact d’une culture germanique plus ouverte à la créativité et à l’innovation . Dès le XVIè siècle, Jean Bauhin (1541-1612) fut un médecin et botaniste renommé dont l’ « Historia plantarum » eut un écho européen. Plus tard, Georges Cuvier (1769-1832) fut le créateur de l’anatomie comparée et de la biostratigraphie ; dans son sillage émergea toute une lignée de naturalistes montbéliardais qui eurent pour certains un rayonnement national. Inventeur particulièrement fécond, Etienne Oehmichen (1884-1955) fut, entre autres choses, l’un des inventeurs de l’hélicoptère. Adolphe Kégresse (1879-1943) fut l’inventeur de la chenille souple pour véhicules automobiles. Plus près de nous, René Thom (1923-2002), médaille Fields de mathématiques en 1958, fut le fondateur de la théorie des catastrophes, alors que Pierre Marti (1891-1938) avait mis au point une technique révolutionnaire de sondage acoustique qui eut des applications décisives dans la reconnaissance des fonds marins et la détection des submersibles. Cette liste non exhaustive montre la vitalité et le génie inventif de ce petit pays.

C’est aussi là que naquit Lucien Quélet (1832-1899), mycologue renommé et fondateur de la Société mycologique de France, donnant naissance à toute une lignée de mycologues locaux dont l’audience dépassa très largement les limites du territoire. Issus de la communauté anabaptiste, dont les compétences en matière d’élevage étaient reconnues depuis longtemps, les fermiers Graber et Lugbul, à force de croisements empiriques, furent à l’origine de la race montbéliarde dont la première mention du nom apparut en 1872 avant sa reconnaissance officielle en 1889. Le rayonnement mondial de cette vache laitière particulièrement rustique et productive est aujourd’hui une évidence. Dans un domaine différent, on peut rattacher à ces « inventions locales » la naissance du premier club de football professionnel à l’initiative de l’entre prise Peugeot en 1928, le Football club de Sochaux.

Le choix pionnier de l’intercommunalité.

Après la seconde guerre mondiale, le Pays est confronté à une croissance démographique frénétique qui génère un effort de construction sans précédent. Montbéliard et toutes les communes péri-urbaines sont concernées avec la menace récurrente d’un développement anarchique et la nécessité de faire face, dans des délais très rapides, à de gros problèmes d’équipement communal en termes de voirie, d’approvisionnement et de traitement des eaux, de circulation. Cette nécessité de coordination et de structuration, ajoutée aux incitations étatiques, conduisit en juillet 1959 des élus visionnaires à la création du District urbain du Pays de Montbéliard. C’était le second de France derrière celui de Montargis, mais de loin le plus important et le plus ambitieux. Devenue communauté d’agglomération depuis 1999, sous le sigle PMA (pour Pays de Montbéliard Agglomération), cette structure communautaire reste la plus importante de France par son budget et la population concernée.

Elle regroupe aujourd’hui 29 communes et plus de 110000 habitants. Elle a permis depuis ses origines la réalisation de grands équipements structurants : assainissement, service des eaux, transports urbains, traitement des déchets, lutte contre les inondations, protection de l’environnement, création de zones industrielles, équipement scolaire secondaire, création d’un pôle universitaire. Elle concentre aujourd’hui ses efforts sur l’action économique et vient de se donner une compétence culturelle. S’efforçant de diversifier le tissu économique et de soutenir l’activité, elle reste l’un des outils locaux majeurs de lutte contre la crise.

 

Le premier jumelage franco-allemand de France.

La ville de Montbéliard fut au cœur de la première tentative de rapprochement franco-allemand après la seconde guerre mondiale. Le contexte était propice avec la naissance en 1948 de l’institut franco-allemand et le 9 mai 1950 le discours de Robert Schumann en faveur de l’amitié européenne et de la réconciliation franco-allemande. Mais il restait beaucoup de réticences à surmonter parmi les populations. A Montbéliard, Lucien Tharradin, maire d’une ville qui avait subi une occupation allemande très dure, lui même résistant et déporté, a la hauteur de vue nécessaire pour surmonter les vielles rancoeurs. Le 31 mai 1950 il rencontre le bourgmestre de Ludwigsbourg Elmar Doch qui partage la même vision. Le processus est enclenché. Le choix de Ludwigsbourg n’est pas indifférent : la ville située près de Stuttgart est l’ancienne capitale des ducs de Wurtemberg ce qui montre quel fut le poids de l’histoire et des liens anciens entre les deux territoires.

Le 25 août 1950 le conseil municipal de Montbéliard s’engage en faveur d’une coopération étroite avec Ludwigsbourg. En septembre une délégation montbéliardaise dirigée par Lucien Tharradin se rend en Allemagne et le mois suivant une délégation ludwigsbourgeoise vient à Montbéliard. Les premiers contacts ont donc bien eu lieu en 1950, date habituellement reconnue comme année de naissance du jumelage, alors que celui –ci n’est pas encore officiel. Le démarrage est timide, limité au début à des compétitions de football, mais le jumelage prend une nouvelle dimension en 1958 avec des visites annuelles et l’idée d’échanges scolaires. Le 6 mai 1962 une cérémonie officielle entérine le jumelage quelques mois avant la fameuse adresse du général de Gaulle à la jeunesse allemande à Ludwigsbourg le 9 septembre 1962 ; c’est un véritable triomphe, rendant en quelque sorte un hommage implicite aux visionnaires des deux villes.

En 1975, à l’occasion du 25è anniversaire du jumelage, les deux cités sont récompensées par l’Association France-Allemagne ; puis de nouveau en 1990 par l’attribution du prix de Gaulle-Adenauer pour leur contribution au service de la coopération franco-allemande. Depuis l’origine, les échanges entre les deux villes se sont étendus et diversifiés : animations sportives et culturelles, échanges scolaires et culturels, rencontres professionnelles, visites mutuelles de délégations municipales, voyages ; depuis 2006, le jumelage a pris une autre dimension avec la mise en oeuvre d’un programme de coopération décentralisée avec le Burkina-Faso. On peut noter aussi que des contacts amicaux ont été noués avec la famille de Wurtemberg et que le duc Karl est régulièrement invité aux manifestations historiques et patrimoniales. Là encore, l’histoire peut être un facteur de compréhension et de rapprochement et non de division.

 

 

 

Le Pays de Montbéliard est une terre attachante, riche d’une histoire originale, mais aussi résolument tournée vers l’avenir et qui se bat pour affronter les défis du futur. C’est une terre de convictions et d’adaptation qui a toujours su trouver des solutions pour affronter les difficultés. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le Pays est devenu un creuset où le vieux fond wurtembergeois et luthérien a été submergé, tout en conservant de puissantes singularités locales, alliance de tradition et de modernité, qui font sa richesse et sa force.

 

 

François Vion-Delphin

Président de la Société d'Emulation de Montbéliard

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