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XXXVe voyage d'étude Ornans et château de Joux

 

Voyage 2013

Cette journée du dimanche 30 juin 2013, qui accueillit 59 participants, nous conduisit au musée Courbet d’Ornans puis au fort de Joux. Le trajet fut animé par les commentaires du président sur le paysage des plateaux traversés et sur la ville d’Ornans. La matinée fut occupée par la visite guidée du musée Gustave Courbet. Propriété du Conseil général du Doubs, entièrement rénové et agrandi, réouvert depuis le 2 juillet 2011, il est labellisé Musée de France et Maison des illustres et s’ouvre désormais largement, grâce à de larges baies, sur les magnifiques paysages environnants et sur la Loue grâce à un original passage vitré. La grande modernité de sa conception n’en respecte pas moins le caractère historique et intime des lieux. Sa configuration permet de réaliser des expositions temporaires en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre tout en lui offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans.

La collection permanente, composée de 75 œuvres (dont 41 peintures et 4 sculptures), propose un parcours à la fois chronologique et biographique et permet une réelle et vivante compréhension du milieu auquel appartenait Courbet et de l’influence que l’artiste eut sur l’art de son temps. Trois étapes importantes structurent ce parcours croisé « vie/œuvre ».

1819-1848 – Courbet d’Ornans à Paris : sa famille, sa formation, la tentation romantique.

1850-1851 – Rupture et affirmation d’une esthétique nouvelle autour de L’après dînée à Ornans, puis de la trilogie du salon de 1850, Les casseurs de pierres, Les paysans de Flagey revenant de la foire et Un enterrement à Ornans.

1852-1877 – Courbet, chef de file de la modernité, du réalisme à l’impressionnisme.

La diversité des collections permet d’aborder toutes les périodes de la vie du peintre et de sa carrière artistique, depuis ses œuvres de jeunesse, réalisées à Ornans auprès de son premier professeur Claude-Antoine Beau jusqu’au magistral Autoportrait à Sainte Pélagie. Peinture majeure du musée, acquise grâce à la mobilisation du Conseil général du Doubs, au mécénat, à une souscription publique, au soutien du ministère de la Culture et d’autres collectivités de la région, Le chêne de Flagey, classé « œuvre d’intérêt patrimonial majeur » a rejoint le musée lors d’une cérémonie officielle le 9 mars 2013. Peint en 1864, ce tableau avait quitté la Franche-Comté en 1898 pour les États-Unis. Racheté par un collectionneur japonais, il était à Tokyo depuis 1987. Il a désormais toute sa place à Ornans et notre Société est à la fois heureuse et fière d’avoir participé à la souscription qui a permis ce retour de l’œuvre dans son pays natal.

Nous avons eu aussi l’immense plaisir de pouvoir visiter l’exposition temporaire Courbet-Cézanne, la vérité en peinture montrant comment ces deux artistes, fondateurs de la modernité en peinture, se sont construits à la fois dans un fort enracinement régional, la Franche-Comté pour Courbet, la Provence pour Cézanne, et dans une constante volonté de s’imposer à Paris comme référents d’une vision artistique nouvelle. Certes, Courbet n’a pas rencontré Cézanne. Mais Cézanne a pu mesurer l’œuvre de Courbet et dire combien sa dette vis-à-vis de lui était forte. L’exposition ambitionne, autour d’une cinquantaine de tableaux, de mettre en parallèle des œuvres des deux peintres, à travers des thèmes qui montrent que l’enjeu pictural de l’un et de l’autre se correspondent de manière parfois étonnante. L’exposition d’une grande richesse et d’une profonde originalité, montre avec beaucoup de pertinence les réflexions des deux peintres et les solutions picturales qu’ils inventèrent pour construire une esthétique innovante.

 

Après cette matinée d’une grande richesse et la traversée du pont qui donne une vue saisissante sur la Loue, les vieilles maisons d’Ornans et la vallée, le déjeuner fut pris au restaurant Hôtel de France dans une excellente ambiance favorisée par un service aussi sympathique qu’efficace. Le repas comprenait : vol au vent de truite et légumes de saison, jambonnette de volaille farcie aux morilles, assiette de fromages régionaux, croquant aux chocolats sauce caramel, le tout accompagné de vins du Jura et terminé par un café.

Les agapes terminées nous rejoignons le bus pour remonter la vallée de la Loue jusqu’au second plateau, paysage magnifique, emblématique de la Franche-Comté, avec ses falaises boisées qui s’écartent parfois un peu, comme à Mouthier-Haute-Pierre, pour laisser place aux pentes couvertes de prairies et de vergers. Nous traversons les villages pittoresques de Montgesoye, Vuillafans, Lods et Mouthier-Haute-Pierre sur lesquels le président donne quelques informations : rôle essentiel de la Loue, richesse du patrimoine bâti, importance de la métallurgie et des activités liées à la présence de l’énergie hydraulique jusqu’au début du xxe siècle, place de la viticulture jusqu’à la crise du phylloxéra (tentative de renaissance actuelle), place des vergers, en particulier de cerisiers (kirsch de la Marsotte à Mouthier-Haute-Pierre).

 

Après un parcours agréable, dans les magnifiques paysages du haut Doubs, sublimés par un soleil radieux, nous découvrons le site majestueux du fort de Joux dominant de ses 940 m d’altitude la cluse de Mijoux. Le site est exceptionnel avec ses cinq enceintes successives étalées sur deux hectares, ses trois ponts levis et dix siècles d’architecture militaire. De la forteresse primitive, construite à partir du xie siècle par les sires de Joux pour surveiller un passage de tout temps vers la Suisse et l’Italie, subsistent les deux premières enceintes, la tour Grammont, la tour d’artillerie dite du Fer-à-Cheval (fin xve siècle) d’où l’on découvre un magnifique panorama sur toute la région. La troisième enceinte, adaptée au développement de l’artillerie, fut élevée au xvie siècle alors que la quatrième est due à Vauban qui renforça et modernisa aussi les défenses ; il fit aussi creuser dans la roche un impressionnant puits de 147m de profondeur et de plus de 3 m de diamètre. À la fin du xixe siècle, la cinquième enceinte, adaptée à l’artillerie rayée, fut réalisée par le futur maréchal Joffre auquel on doit aussi l’étonnant escalier en colimaçon de 212 marches qui mène au puits. Franchir les enceintes, en remontant le cours de l’histoire, permet d’observer l’évolution des techniques de fortification liées à l’évolution de l’armement.

La forteresse vit le passage du Téméraire en 1476, puis les assauts de la guerre de Trente Ans. Elle fut assiégée par les Autrichiens en 1814, puis par les Suisses en 1815. Elle arrêta les troupes prussiennes en 1871 et résista durant huit jours à l’armée allemande en juin 1940. Elle fut aussi une prison où séjournèrent plusieurs célébrités : Berthe de Joux, infidèle alors que l’on croyait son époux croisé disparu en Terre sainte, vers 1170 ; Mirabeau, transféré là depuis le château d’If, et mis à l’écart par son père en raison de ses dettes et de sa vie dissolu ; de Kleist, accusé d’espionnage ; Toussaint-Louverture enfin, qui y mourut condamné pour avoir soulevé et arraché l’indépendance de Saint-Domingue.

Le musée d’armes, installé dans cinq salles de l’ancien donjon propose plus de 650 pièces : armes blanches et à feu des xviiie et xixe siècles, uniformes, coiffures, insignes. Il abrite quelques raretés comme le modèle 1717, premier fusil distribué à toute l’infanterie royale (il n’en resterait que trois exemplaires) ou le modèle 1773 qui équipait les gardes suisses de Louis XVI.

 

Après cette journée très riche, aux centres d’intérêt variés, le retour vers Montbéliard se fit dans d’excellentes conditions. Nos remerciements très chaleureux vont à Denise Hugon, notre fidèle responsable des sorties, qui organise avec toujours autant de compétence et d’enthousiasme nos journées d’études, associant comme à l’accoutumée enrichissement culturel, convivialité et bonne chère, à la grande satisfaction de tous.

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