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XLe journée d'études : Voyage à NANCY

40eJOURNÉE D'ÉTUDES

 

 

     Comme souvent lors de notre déplacement annuel, le soleil était au rendez-vous pour une sortie qui, le 24 juin 2018, regroupait 54 participants et devait nous conduire à Nancy à la rencontre du « Modern style » ou Art nouveau, né à la fin du xixesiècle en grande partie grâce à l'influence décisive de l'école de Nancy. Ce style si particulier a eu un tel succès qu'il a dominé, pendant plus de vingt ans, les arts décoratifs au point de faire partie de la vie quotidienne de la Belle Epoque par ses objets innombrables, ses architectures, ses affiches et ses cafés.

     La journée commença par la visite  de la villa Majorelle. De son vrai nom villa « Jika », cette maison, conçue en 1899 par l'architecte parisien Henri Sauvage (1873-1932), fut construite en 1901 pour l'ébéniste nancéien Louis Majorelle. Elle s'élevait à l'origine dans un magnifique parc en bordure de la ville et s'impose comme un véritable manifeste qui synthétise les leçons de l'école de Nancy. Le traitement des façades, individualisées et aux articulations claires, rend limpide la distribution de l'espace intérieur. Des influences diverses, subtilement dosées, du Moyen Age au japonisme, une unité du décor conçu dans des matériaux divers par des artisans inspirés expriment la vitalité particulière de ce qui fut une véritable maison-atelier.

 

Le groupe devant la Villa Majorelle (Photo André BOUVARD)

     La visite se poursuivit au somptueux musée de l'Ecole de Nancy. Installé dans une résidence cossue du début du xxesiècle, il offre, dans une ambiance feutrée, un ensemble extraordinaire permettant d'illustrer de la plus belle manière toutes les facettes du foisonnant mouvement de rénovation des arts décoratifs qui se développa de façon si originale  à Nancy entre 1885 et 1914. Le musée présente une abondante collection d'œuvres caractéristiques du mouvement nancéien : meubles sculptés et marquetés d'Eugène Vallin, d'Emile Gallé, de Louis Majorelle, de Jacques Gruber et d'Emile André ; reliures, affiches et dessins de Prouvé, Martin, Collin, Lurçat ; verreries de Gallé, des frères Daum et Muller ; céramiques également de Gallé, mais aussi de Bussière et de Mougin ; vitraux de Gruber. Plusieurs ensembles mobiliers, dont une admirable salle à manger de Vallin (plafond peint  et cuirs muraux au délicat décor floral de Prouvé), témoignent des changements apportés dans le style des intérieurs bourgeois au début du xxesiècle. Au premier étage on découvre une étonnante salle de bains en céramique de Chaplet, un exceptionnel bureau d'homme d'affaires, décoré de cuirs travaillés de motifs floraux.

     Après des moments aussi riches, une pause était indispensable. Elle eut lieu dans les locaux magnifiques de la brasserie Excelsior, élevée en 1910 sur les plans de Weissenburger et Alexandre Mienville et magnifiquement décorée par Louis Majorelle. Avec ses vitraux, ses lustres et ses sculptures, elle offrait un cadre harmonieux à la sociabilité bourgeoise de l'époque. Dans ce cadre exceptionnel nous furent servies quelques spécialités de la gastronomie lorraine, avec un service très rondement mené : quiche lorraine, magret de canard, tarte aux mirabelles flanquée de glace, le tout arrosé de vins de la réserve de la maison. Après cette halte, nous étions bien armés pour affronter la suite du programme,

     Celle-ci commença par le musée des Beaux-Arts. Installé dans l'un des pavillons (XVIIIesiècle) de la place Stanislas, ses riches collections proposent un panorama de l'art en Europe du XIVeau XXèsiècle. Dès l'entrée, la mise en scène muséographique séduit, mettant en valeur l'ensemble des collections grâce à un subtil jeu de lumière et à des rapprochements inattendus. Ainsi, la salle consacrée aux œuvres du tournant des xviieet xixesiècles emprunte un parcours qui nous emmène jusqu'au début des années 1940, avant de retourner  à la Renaissance italienne pour revenir ensuite au XVIIIesiècle. On peut découvrir en particulier des œuvres des primitifs italiens, de Pérugin, Tintoret, Caravage, Jan Bruegel II, Rubens (une exceptionnelle Transfiguration), Claude Gellée, Boucher, Van Loo, Monet, Vlaminck, Modigliani et Utrillo.  Le musée abrite aussi une belle collection de réalisations des grands artistes lorrains du début du XXesiècle, ainsi  que des sculptures intéressantes (Rodin, Lipchitz, César). La collection Daum regroupe un ensemble magnifique de plus de 300 pièces permettant de découvrir l'évolution de cette prestigieuse manufacture du début du XXesiècle à nos jours.

     Notre périple nancéien se termina par la place Stanislas, symbole somptueux de la prospérité de la ville au temps de Stanislas Leszcsynski, roi de Pologne déchu et duc de Lorraine (1738-1766). Les grilles de François Lamour sont le joyau de cette place, chef-d’œuvre de légèreté, d'élégance et de fantaisie. De fer forgé rehaussé d'or, elles ornent les quatre pans coupés et les débouchés des rues Stanislas et Sainte Catherine. Les grilles du nord composent chacune un triple portique. Elles encadrent les fontaines de Neptune et d'Amphitrite, œuvres de Guibal. La place est entourée de cinq pavillons élevés et de deux réduits à un rez-de-chaussée percé d'arcades monumentales. Cette disposition, tout en donnant une impression d'espace plus grand, laisse intact le merveilleux équilibre de la place. Les façades sont d'Emmanuel Héré, les balcons en fer forgé de Lamour. L'hôtel de ville, érigé de 1752 à 1755, porte à son fronton les armoiries de Stanislas : aigle de Pologne, cavalier de Lituanie, taureau des Leszcsynski. L'escalier magnifique à double volée s'orne d'une rampe de Jean Lamour et conduit au salon carré, dit « de l'Académie », décoré de fresques de Girardet, à la gloire de Stanislas.

     Après cette journée aussi riche que passionnante le retour se fit rapidement. Nos remerciements très chaleureux vont à Denise HUGON, notre fidèle et  toujours efficace responsable des sorties qui organise comme chaque année avec autant de rigueur et de passion nos journées d'études si appréciées car elles associent avec bonheur découverte culturelle, convivialité et bonne chère.

 

 

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